samedi 31 juillet 2010

De tout un peu







D'abord, comme nous sommes le 1er août, bonne fête à tous les Suisses. Manque de pot, ça tombe un dimanche, quelle année à patrons!

Et surtout bonne chance et beaucoup de belles expériences à Antonin pour son année en Allemagne, Bravo Antonin! Et courage à tous pour vivre la séparation.

Ensuite, des photos que je n'ai pas eu la place de mettre dans l'article précédent et je vais bavarder un peu.

La faune d'abord : Les rennes ont disparu depuis la fin de la Laponie. Nous regrettons ces compagnons charmants et cocasses et nous surprenons toujours à les guetter le long des routes. En revanche, les panneaux signalent toujours des élans, et nous n'en avons toujours pas vu la queue d'un, au grand désespoir d'Ernest!
Ce qui me manque le plus, c'est le cri des mouettes. Elles ont en quelque sorte symbolisé le voyage tout au long de la Norvège, leur silence me fait un effet de vide. Elles sont désavantageusement remplacées par le sifflement des moustiques, eux, avec la chaleur, ils ne manquent pas! Les mouches ont aussi fait leur réaparition. Donc, au niveau faune, c'est plutôt moins bien.
La saison s'avance et nous retrouvons la nuit. Pas bien sombre encore et elle a ses charmes, mais tout de même... C'était si bien, ces journées qui ne finissaient pas.
Nous faisons aussi la déroutante expérience de vivre dans un pays dont la langue nous est totalement étrangère. Avec le norvégien, en faisant des rapprochements avec l'allemand ou l'anglais, on s'en tirait pour comprendre l'essentiel sur les panneaux ou dans les supermarchés. Mais allez donc faire vos courses dans un pays ou le lait se dit "maito" et le beurre "voi" (judicieusement mélangé avec les margarines, allez donc savoir ce que vous achetez!) De plus les touristes étant essentiellement des Finlandais, les traductions n'abondent pas et tout le monde ne se débrouille pas en anglais. Ca rend les choses complexes parfois, on est bien content par exemple d'avoir trouvé dans notre guide que "centre-ville" se dit "Keskusta", on aurait eu du mal à trouver tout seuls. Mais on se débrouille toujours et les gens sont accueillants et soucieux de vous faire découvrir leur pays.
Campings : voici le 2ème où il n'y a aucun bassin pour la vaisselle. Que font donc les campeurs finlandais avec leur vaisselle? Il la cassent à mesure, ou quoi?
Bon, ce sera tout pour aujourd'hui. J'ai fait assez d'éloges de la Finlande pour me permettre ces légères critiques. Nos meilleures pensées à tous.
P.S. On va rester sur place aujourd'hui, j'ai envie de voir le marché demain matin, il a une certaine réputation. Et peut-être qu'on se mettra la honte et qu'on achètera des myrtilles!

Itinéraires, merveilles et surprises











Jeudi 29 juillet 61ème jour
Kuusamo - Suomusalmi km/j. 186 km/tot. 8087
Météo : La canicule nos a rattrapés, 35° au moins, ce n'est pas tombé en dessous de 26 cette nuit.
Joli voyage en Finlande profonde. On a passé dans un très tentant domaine de randonnée mais décidément, il fait trop chaud pour marcher! A la place, on est allés se baigner, seule chose intelligente à faire.
En chemin, nous sommes tombés sur une oeuvre d'art extraordinaire. Nous en sommes encore tout remués.
Cela s'appelle "Le peuple silencieux", beau titre et qui la définit bien. Dans un grand champ, en contrebas de la route, un millier de personnages faits de croix de bois avec des têtes de tourbe (la tourbe même du champ) tous vêtus de vêtements collectés auprès des gens de la région. La brise agite les vêtements dont les couleurs scintillent au soleil. L'oeuvre dégage une intense émotion. Se promener parmi ces personnages est comme faire l'expérience d'un autre monde. Ces figures silencieuxes font évidemment penser à la mort mais pas du tout de façon sinistre. C'est comme se trouver parmi des gens qui sont déjà dans un ailleurs et vous invitent un instant parmi eux.
A l'entrée du site, il y a un adorable café tout en bois et une hutte où deux jeunes filles font des crêpes sur un fourneau à bois. Délicieuses, les crêpes, mais on se demande comment les filles tiennent le coup.
Pour finir la journée en beauté, un magnifique coucher de soleil sur le lac.
Vendredi 30 juillet, 62ème jour
Suomusalmi - Kaajani km/j. 270 km/tot. 8357
Météo : chaud mais agréable et ventilé, soirée douce et fraîche
On a surtout roulé aujourd'hui, avec un arrêt à Kuhmo pour manger. Ces bourgades finlandaises semblent agréables à vivre, sans chichis mais confortables et sympa avec leur place centrale (devant l'inévitable supermarché) et leurs maisons dispersées dans la verdure. J'avais besoin d'une jupe, je n'ai emporté que 2 jupes légères et j'ai réussi à en déchirer une. J'ai réussi à trouver une seule jupe d'été. Jolie coupe, et par chance elle est à ma taille, mais elle franchement rose épilobe! J'ai beaucoup célébré cette couleur dans la nature, mais sur moi... Bon, à la guerre comme à la guerre!
Nous avons traversé le Kainuu, une région qui m'a séduite sans que je puisse dire vraiment pourquoi. C'est encore la pleine nature, mais qui n'évoque pas la sauvagerie. Une douceur, l'impression d'une terre où l'homme peut poser son bagage et vivre en bonne intelligence avec le monde qui l'entoure. La forêt est jeune et vigoureuse, elle laisse place à de grands espaces de campagne, prairies vertes et champs d'une orge courte qui dore doucement, aspect assez préalpin des maisons et des granges de bois gris, le paysage rappelle le charme du Jura. C'est aussi un pays vallonné et les sommets des côtes offrent de vastes horizons où se devine le miroitement de lacs lointains. Et bien sûr lacs et rivières jouent leur partition de lumière et de reflets.
Kajaani est déjà une grosse ville (35'000 habitants), sans charme, mais nous réserve encore une belle oeuvre d'art, une église orthodoxe du 17ème siècle toute simplette à l'extérieur mais à l'intérieur somptueux.
Le camping est sûrement le plus bizarre que nous ayons vu. A côté du golf, mais pratiquement en pleine zone industrielle, cerné des bretelles de la route de contournement, un grand espace tout en longueur sous des arbres et occupé par... des gitans! Dont un monsieur qui parle parfaitement français et deux dames d'un certain âge en costumes superbes. Les dernières personnes que nous nous soyons attendus à trouver en Finlande! A part ça, aucune différence avec les autres campeurs : pas de bruit, les sanitaires sont impeccables, les caravanes et camping cars plutôt luxueux. En bon misanthropes, nous nous sommes installés tout au fond du camping, pratiquement seuls, et nous passons finalement une très bonne soirée dans cet endroit étrange.
Samedi 31 juillet, 62ème jour
Kajaani - Joensuu km/j 225 km/tot. 8'582
Météo : Gris le matin, violentes pluies orageuses jusque vers 14 h, et quand ça tombe, ici, ça tombe! mais toujours doux. Bel après-midi chaud et aéré, soirée agréablement fraîche.
Deux points forts aujourd'hui : Le Centre des Pierres, un superbe musée consacré à la géologie. Nous n'y sommes pas entrés mais l'extérieur est une réussite architecturale remarquable et le parc un vrai bijou. Décidément, la Finlande semble inépuisable et à ce rythme, on n'en verra jamais le bout!
Arrivée à Joensuu. La ville semble inhabituellement animée et surprise, le camping est plein de tentes, une ambiance de festival. En fait, il s'agit d'un e convention européenne de jonglage, qui a lieu chaque année dans une ville différente. Chance, ce soir c'est le gala, ce qui nous vaut un superbe spectacle dans une grande halle tout près du camping, dans une ambiance très Paléo.

mercredi 28 juillet 2010

Animaux


Le roi des élans
Oh miracle, oh merveille, tout arrive. Oui, j'en ai vu un, un vrai de vrai. Eh oui! j'ai vu un ELAN... au zoo de Ranua. Quand je dis un, c'était plutôt une, sans cornes, je suppose que c'était une femelle. En revanche j'ai vu les cornes de son mâle, seulement les cornes, majestueuses, parce qu'il était couché dans les hautes herbes, le con. Bon ben j'irai au Tierpark en rentrant. Je ais que là-bas ils ont des élans avec des cornes et pas seulement les cornes comme ici.

Et le roi des rennes
Des rennnes, en revanche, on en aura vu beaucoup beaucoup. A Gamvik par exemple, un troupeau d'au moins 200 têtes. Sur la route aussi, sur les nationales et surtout sur les petites routes. Nous en avons eu un qui a fait des zigzags devant notre voiture sur 500 mètres. Un autre faisait tranquillement la sieste sur le bord de la route, j'ai voulu le photographier mais le temps d'armer mon appareil il m'a vu bouger et il est parti. Il y en a de toute sorte, des gris, des noirs, des bruns, des tachetés et même des albinos. Ils sont charmants, ils sont beaux avec leurs orbites saillantes et leurs grands yeux mais, contrairement à la chanson, je n'en ai vu aucun au nez rouge. Pas alcoolos, les rennes!
Il y en a aussi beaucoup dans les supermarchés, sous forme de saucisses, de gigot ou de viande séchée. Quand on les voit si mignons, ça fait un peu mal au coeur de les manger mais de quoi vivraient les éleveurs, autrement? De toute façon, on est les rois des rennes.

Tours et détours



















Bon, je vais quand même vous raconter un peu nos pérégrinations finlandaises, ne serait-ce que pour fixer nos propres souvenirs. En fait, nous avons fait pas mal de km. mais sans avancer beaucoup, nous nous déplaçons plutôt en étoile. Nous avons franchi le Cercle Polaire en sens inverse dimanche (sniff) mais nous peinons à nous en éloigner.

Nous en étions donc restés à jeudi à Ivalo, sous la pluie.


Vendredi 23 juillet, 55ème jour
Ivalo-Petkula km/j. 138 km/tot. 7'394
Météo : Carrément horrible jusqu'à midi, le pire temps que nous ayons eu. Il flotte à seaux, il souffle un vent violent et glacial et il fait 6°! La pluie cesse vers midi mais pas le vent, il fait un froid de canard. Le ciel se dégage peu à peu et nous aurons une magnifique soirée ensoleillée... et toujours glaciale.

Pas eu le courage de nous faire à manger, on file faire des courses au supermarché et on commet l'erreur d'y commander une tranche de pizza, une des choses les plus infecte que nous ayons jamais mangé. La journée commence bien!
Nous montons ensuite vers une colline recommandée pour son panorama et accessible en voiture. Là-haut, un vent à vous jeter à terre, littéralement, et un panorama noyé de gris. Trois malheureuses hirondelles font des tentatives épuisantes pour approcher leur nid sans se faire écraser contre la façade du bistrot. Vite, redescendons! Au village suivant nous faisons une balade en forêt sur un "sentier nature" comme il y en a partout ici. La paix de la forêt nous lave de notre irritation. Et pour finir en beauté, sous un ciel clair et une superbe lumière, un camping ydillyque, près d'une magnifique grande rivière. Pelouse verte, fourrés de myrtilles, chalets aux toits pointus et buissons d'épilobes. Le soleil du soir dore les arbres sur la rive opposée et toute la rivière charrie l'or de ce reflet. Il fait 5° mais c'est trop beau, on passe la soirée dehors.

Samedi 24 juillet 56ème jour
Petkula - Kemijärvi (järvi, ça veut dire lac). km/j.138 km/tot. 7'394
Météo : Beau et agréablement chaud

Une très belle étape qui nous offre un échantillonage complet du paysage finlandais. Encore une fois, il faut prendre des routes secondaires pour voir quelque chose. Et au bout Kemijärvi, dont les guides ne parlent pas et qui nous offre tout au long d'une grande balade la splendeur des épousailles de sa rivière et de son lac, dans une lumière irréelle de beauté et de pureté. Encore un de ces endroits dont la perfection vous met les larmes aux yeux et le bonheur dans le coeur.
Au camping nous rencontrons des Suisses romands, une espèce pratiquement inconnue dans le Nord, ce ne sont que les 2ème que nous rencontrons de tout le voyage.

Dimanche 25 juillet, 57ème jour
Kemijärvi - Simonjärvi km/j. 138, km/tot. 7'651
Météo : Gris, 12 - 15°, pluies orageuses.
Encore un jour à musées. Nous allons donc visiter l'Arktikum, mais oui Geneviève, à Rovaniemi, un musée très complet et passionnant sur toute la région de l'Arctique, tous pays confondus. Nous y passons 4 heures sans nous ennuyer une seconde et nous n'avons pas tout vu. Nous shuntons le parc du Père Noël (quelle horreur!) et franchissons le Cercle Polaire vers le sud, resniff! Nous reprenons ensuite la route pour chercher un camping, pas évident dans le coin, et nous trouvons. Au milieu de nulle part, au bout d'une petite route de terre, le camping le plus génial qui se puisse. Une immense pelouse verte cernée par la forêt, une belle maison d'hôtes avec un café (d'où peuvent bien venir les clients?), quelques chalets rouge et blanc, trois ou quatre superbes granges anciennes en madriers chevillés, un lac, une rivière, deux petits bateaux dans une anse, pour seul bruit le vent dans les arbres et on a tout ça pour nous tout seuls! Génial, vous dis-je. Il ne fait pas beau mais je m'en fous, conquise par la magie du lieu. Le jeune responsable du camping, qui parle 3 mots d'anglais, réussit à m'expliquer que l'été 2010 est le plus chaud depuis 1914 en Finlande. Ernest a failli péter un câble quand je le lui ai dit. Il en a sa claque du froid.


Lundi 26 juillet 58ème jour
Simonjärvi - Posio km/j. 133 km/tot. 7'784
Météo : Violentes pluies d'orage jusqu'à midi puis très chaud et lourd. Soirée agréable et fraîche.
Visite du zoo arctique de Ranua, qui présente tous les animaux de la région ainsi que les oiseaux. Comme toujours c'est très bien fait, dans un environnement naturel préservé. C'est plein de mômes, ici comme en Norvège il semble que les familles nombreuses soient la règle. Geneviève, nous sommes bien en Carélie pas très loin de Paljakka mais je crains bien que les ours du zoo ne soient les seuls que nous voyions, c'est encore à décider.
Une annecdote dont vous jugerez la pertinence : sur la route, le nom d'un village : Kelankylä. Sachant que le y se prononce u et le ä è, je vous laisse tirer vos propres conclusions. Infantile sûrement mais ça nous a fait rigoler.
Camping au bord d'un lac (évidemment) mais cette fois avec une plage. Dommage, il est trop tard pour la baignade, la soirée fraîchit.
Une voisine nous apporte une tasse de mûres des marais qu'elle a cueillies cet après-midi, pour nous faire goûter. C'est délicieux, autant le fruit que le geste.


Mardi 27 juillet, 59ème jour
Posio Kuusamo km/j. 117 km/tot. 7'901
Météo : Chaud de chez Chaud, cette histoire d'été du siècle n'est peut-être pas qu'une vantardise.
Petite étape encore, mais la journée a été consacrée à une balade jusqu'au sommet d'une colline (460 m.) qui est le point culminant de la région. 30 km. de route dont 18 très mauvais, à travers forêts, campagnes et rennes baladeurs puis jolie grimpette dans la forêt, par une chaleur de four. Le long d'un étroit chemin de bois sur un marécage, nous sommes précédés tout un moment par un renne très tranquille qui se dirige lui aussi vers la terre ferme. Un moment de conte d'enfance. Au sommet, c'est une carte de géographie grandeur nature, la Carélie offerte jusqu'à la frontière russe, un panorama de toute beauté, extraordinaire dans ce pays où la vue est toujours bornée par les arbres.
Camping au bord du lac encore mais aucun accès pour la baignade, tout est marécageux. Frustrant après toute cette chaleur, mais le site est superbe.
Leur machine à sécher ne fonctionne pas, et je me retrouve avec un tas de lessive qu'il faudra sécher demain sous peine de moisissure. Et j'ai un retard épouvantable sur le blog. Nous décidons de rester à Kuusamo demain mais dans un autre camping qui a de bonnes installations et un wi-fi.

Mercredi 28 juillet 60ème jour (déjà!)
Météo : Superbe, chaud et agréablement ventilé.
Nous n'attendions pas grand'chose de cette journée qui s'est pourtant révélée très agréable. Le camping n'a rien de génial mais nous sommes bien installés dans les arbres, les places sont grandes et le lac a une plage. Farniente, sieste, doigts de pieds en éventail et BAIGNADE, enfin. L'eau est très fraîche mais pas glaciale, le cadre superbe, ça fait un bien fou, un vrai bonheur. Et en plus j'ai rattrapé ma semaine sur le blog, que demande le peuple?
Comme toujours, merci à ceux qui nous écrivent et à ceux qui nous lisent. Geneviève, merci de ta fidélité. Frédéric, tu m'as fait faire un grand voyage dans le temps. Johnny Clegg à Paléo! Que de souvenirs!

On vous embrasse et on se retrouve au prochain renne... pardon, au prochain wi-fi.

Impressions finlandaises









Nous revoici donc après 1 semaine de silence. C'est que, contrairement aux rennes, les connections Internet ne courent pas les routes de Laponie et de Carélie. Aussi, avec notre manie d'aller nous fourrer dans des coins où personne ne va! Depuis Ivalo, qui est sur la route du Cap Nord, les touristes étrangers ont pratiquement disparu, il n'y a plus que des Finlandais. C'est sympa mais l'équipement des campings s'en ressent
Voici nos premières impressions :Contrairement à la Norvège, la Finlande n'offre pas d'emblée sa beauté. Il faut aller la chercher en sortant des routes rapides mais quand on trouve, ça vaut la peine.
La forêt, l'eau, la campagne
La forêt est maîtresse du pays. Une immensité qui fait penser à la mer. Comme la mer elle vous prend, vous absorbe et vous rend à la nature originelle, débarrassé pour un instant des oripaux de la civilisation. Ce serait un pays pour toi, Christophe.
C'est encore la forêt boréale, bouleaux et sapins peu élevés, sous-bois aérés qui invitent à la promenade. Mais on ne s'y aventure pas hors des chemins. Elle est dangereuse et traîtresse, cachant sous ses mousses marécages, fondrières et inégalités de terrain à y laisser ses abattis. Sans parler des chillions de moustiques qui n'attendent que vous pour se régaler! Prudence et équipement idoine, donc.
A part presque égale, l'eau, rivières, lacs et étangs. Quand on dit "lac" on pense à un bassin bien délimité aux bords léchés et parés de quais fleuris. Ici, les lacs sont sauvages et n'en font qu'à leur tête. Ils lancent leurs bras comme des tentacules, découpent leurs rivages en multitudes de presqu'îles, communiquent entre eux par des rivières, se bordent de marais aux longues herbes claires et de plages inattendues, se parent d'îles par centaines, miroitent entre les arbres ou vous surprennent au détour d'une route, reflétant les mille couleurs du ciel ou se noyant dans la brume. Les rivières serpentent et paressent, allongent leur chevelure d'herbes aquatiques et sèment leur chemin d'étangs à granouilles et à nénuphars.
Les hommes, logiquement, se sont installés aux bord des eaux, meilleures voies de communication dans cet environnement. Villages ou fermes isolées sont aussi des îles, cernées par la vastitude sans limite de la forêt. C'est une campagne ravissante avec ses fermes pimpantes aux couleurs vives, ses prés vert tendre
, le foin qui sèche en meules, à l'ancienne ou à la népalaise, tu te souviens, Luc? et partout la marée rose des épilobes mêlées au blanc crémeux de l'odorante reine des prés (je cours mettre le nez dessus à chaque occasion) et à une fleur jaune dont j'ignore le nom et qui rappelle un peu le mimosa.
Rien à voir en Finlande, vraiment?
Je me rends bien compte que ce blog ressemble à un guide touristique mais c'est que, hors de nos routines quotidiennes qui nous font un îlot de sédentarité dans notre nomadisme, nous ne faisons rien de spécial. Rien que nous laisser combler par l'inépuisable beauté du monde.

jeudi 22 juillet 2010

Bonjour Finlande!











Mercredi 21 juillet 53ème jour
Coordonnées : Neiden (7'116Norvège) - Ivalo (Finlande) km/j 178 km/tot 7'116
Météo : Beau temps
Entrée en Finlande à 12h30 ce matin, nous n'étions qu'à 5 km. de la frontière.

Que voilà une belle journée bien remplie!
Plusieurs voyageurs nous ont dit : Bah! la Finlande, c'est des routes toute droites entre des arbres, y a rien à voir. Comme on nous a déjà dit ça de plusieurs endroits très beaux, nous attendons pour voir. Et bien, ce que nous avons vu sur ces quelques 200 km. nous donne raison, c' est superbe.
Etonamment, le paysage change très vite après la frontière. Les reeliefs d'applanissent, la forêt s'étoffe, l'atmosphère maritime cède la place à l'ambiance paisible des lacs. Nous ne tardons d'ailleurs pas à rencontrer le premier des 187'888 lacs finlandais. Il y a là une grande région de randonnées avec panneaux explicatifs et sentiers bien entretenus et balisés, ça change de la Norvège. Nous nous laissons tenter par une balade et marchons pendant 2h sans nous en apercevoirentre lac, forêt et étangs, dans une paix et un silence absolus. Il y a dans le coin des randos de 5 à 9 jours, qu'est-ce-que ça fait envie!

Dîner au restau sur la route (2 fois en 3 jours, quel sibarytisme échevelé!).
La route se poursuit, offrant des échappées sur le lac Inari chatoyant au soleil et semé d'îles vertes. C'est presque une mer intérieure, 1'040 km", 120 km de long, dans une zone à très faible peuplement. Nature sauvage garantie et rennes sur la route. Puis le village d'Inari avec un musée absolument superbe. Une présentation complète de l'histoire de la région et notament du peuple Same en lien avec l'histoire mondiale (saviez-vous que le premier auteur à avoir parlé des Sami est l'historien romain Tacite?). Présentation aussi du cycle des saisons, vidéos, chants d'oiseaux, brame du renne, bruits de la nature, un véritable enchantement.

Nous logeons ce soir dans un camping en pleine forêt, au bord du lac qui nous fait cadeau de toutes ses couleurs au soleil de minuit.



Jeudi 22 juillet 54ème jour
Aujourd'hui il pleut, la forêt se noie dans la brume, le lac disparaît. Donc on fait sous-marin et on profite de rattraper nos retards (lessive, Internet).
On vous embrasse




Adieu la belle !








Coordonnées : Un aller-retour vers Jakobselv km/j. 217 km/tot. 6'938
Météo : Beau et CHAUD. Vers 16 h un orage sur la mer de Barents, dont nous n'avons eu que la queue. Soirée douce, ciel variable.

Pour notre dernier jour, la Norvège nous a gâtés, comme pour rendre notre départ plus difficile.
Premier arrêt aux rapides de la rivière, où nous regardons les saumons s'efforcer de franchir cette énorme échelle bouillonnante. Le spectacle me serre un peu le coeur, la vie est un si cruel combat pour la plupart des créatures!

Puis arrêt à Kirkenes, la capitale locale, jolie ville qui rappelle un peu Akureyri. Rue piétonne bordée de bancs où il fait bon s'asseoir pour regarder les gens. Après tant d'espaces sauvages, se retrouver dans une ville est fort agréable. Et j'ai enfin pu me faire couper les cheveux! Je ressemble à nouveau à une personne civilisée.

Départ pour Jakobselv, à la frontière russe, 63 km. d'une fort mauvaise route mais le paysage fait oublier les cahots. Il y a tout, tout, tout ici. Des falaises allant du noir au rose corail, des forêts d'un vert éclatant où se dissimulent de petites maisons qui évoquent les datchas russes, des vallées alpestres qui rapellent la Suisse avec leurs petits lacs et leurs chalets, des villages côtiers très "vacances", des rivières flâneuses reflétant le bleu du ciel et au bout la mer, immense, grande ouverte sur l'horizon. Par-dessus tout cela, l'extraordinaire lumière du Nord dans toute sa pureté.

Nous sommes là au bout de notre montée vers le Nord. Demain, ce sera la Finlande, qui nous réserve sans doute d'autres beautés mais ce soir, en regardant couler la rivière, j'ai le sentiment mélancolique de la fin de quelque chose. Demain, nous commençons à redescendre.
.

Mais si, c'est beau!











Lundi 19 juillet 51ème jour
Coordonnées : Berlevag - Neiden Km/j. 264 Km/tot. 6'721
Météo : Un vent du diable toute la nuit et la matinée, jusqu'à Tana, puis gris, crachin intermittent, quelques belles éclaircies, plutôt doux.

J'ai été injuste hier avec Berlevag et la route qui y mène. En fait, c'est une bourgade plaisante avec un grand port très vivant. La route côtière est magnifique, le long de l'Océan glacial Arctique, s'il-vous-plaît, la mer vert sombre parcourue de veines plus claires. Et les échappées sur la rivière et ses bancs de sable près de Tana ne manquent pas de charme. "La beauté est dans l'oeil de celui qui regarde", c'est bien vrai.

La suite nous réserve encore bien des émerveillements. La mer a mis sa robe de fête, lui avons-nous jamais vu ce bleu-là? Les Inuits ont 40 mots pour la neige, il en faudrait autant pour le bleu. Nous faisons un détour pour visiter Bugoynes, un village miraculeusement préservé des destructions de la guerre. Au bout de 20 km de route un village plein de charme avec ses anciennes maisons et son port de pêche. C'est une chose que j'ai appréciée en Norvège : toutes ces bourgades ne sont nullement abandonnées aux résidences secondaire et au tourisme, les gens y vivent, y travaillent, y gagnent leur vie.

Et sur la belle plage de Bugoynes... 4 rennes aux bois imposants ruminent paisiblement. Une image biblique, l'Eden avant le gâchis, les peintures d'Alta qui prennent vie sous nos yeux. Jusqu'au bout, la Norvège nous aura fait cadeau de sa magie.
Camping ce soir près d'une très belle rivière au cours calme et puissant qui fait penser à l'Aar. En fait, c'est une célèbre rivière à saumon et on se sent un peu décalé ici si l'on est pas pêcheur!
Repas au restau du camping ce soir, émincé de renne et purée de pommes de terre. Un repas chaud que je n'ai pas préparé, quel luxe!




Routes


A moi le marteau et le burin. Il y en a qui gravent des rennes sur les rochers, pourquoi ne graverais-je pas quelques mots sur l'ordi.

Je vous avais dis que jevous parlerais nourriture et routes. Aucun rapport entre les deux, à part qu'on a déja bouffé près de 7000 km de goudron. Finalement ce n'est pas la peine que je parle de la bouffe, pas terrible, à part le saumon, le caviar et le jambon cru de Serano. Si, il y a encore la viande de renne, sèchée ou émincée avec de la purée de pdt et de la confiture . Très bon, un goût de mouton plus prononcé que la viande d'agneau de chez nous.

Parlons donc des routes. En Norvège, à part dans le Finnmark, nous avons trouvé des routes extraordinairement bonnes. Un asphalte parfaitement lisse, des centaines de km sans la moindre bosse. Bien meilleures que l'état général de nos routes. Fabuleux, vu les conditions climatiques
de ce pays. Neige, gel, marais, ravines, pluies et avalanches, capables de dévaster les km de goudron. Par contre le Finnmark semble un peu délaissé hormis la grand-route du Cap-Nord. Toutefois quelques routes qui mènent sur les presqu'îles du Nord telles Norkynn ou Varangervoya sont en très bon état. Deux routes en particulier nous ont conné du fil à retordre. Celle d'Ifjord à Tana et celle de Kirkenes à JaKobselv. 65 km. de chaussée défoncée. JaKobselv est tout à l'est de la Norvège, près de la frontière russe. Nous avons côtoyé les poteaux jaunes et noirs pour la Norvège et rouges et verts pour la Russie. Une rivière sépare les deux pays. Elle coule au pied d'une immense falaise sur laquelle on voit les miradors russes. Et nous voici sur une magnifique plage bordée de falaises, devant la mer de Barents.

Mourmansk, pour ceux que ça fait rêver (n'est-ce pas, Christophe?) n'est qu'à 130 km à vol d'oiseau. Le spectacle est inoubliable.

Revenons à nos routes. Les Norvégiens sont des constructeurs de ponts et de tunnels. Parfois, les tunnels passent sous les fjords, c'est le cas pour celui qui mène à l'île du Cap Nord. Dans le sud du pays nous avons eu un tunnel hélicoïdal, plusieurs spires au rayon très serré qui nous a conduits en haut d'un plateau dominant le fjord. C'est fantastique. Les ponts sont toujours très élevés pour permettre le passage des bateaux. Dommage, ils témoignent d'un certain manque d'imagination, à quelques exceptions près ils sont tous de la même construction. Mais souvent ça donne des perspectives hallucinantes.

Voilà donc pour aujourd'hui ma participation à ce blog. J'en profite pour vous remercier encore tous de vos messages et commentaires. Je souhaite beau temps et plaisir à ceux qui sont en Finlande depuis hier) mais un jour, qui sait? Trop tard aussi pour demander aux Samis un projet de théâtre, hélas! Christophe, la canicule vous a-t-elle suivis à St Malo? J'ai bien ri en imaginant vos atterrissages entre les arbres de la Saône. Geneviève, si tu aimes le vent, tu aurais été servie, il te faut faire un voyage en Norvège! Et voici pour Claude une photo de notre camping-car. J'espère que tu vas bien Claude, je ne savais pas que tu avais eu des ennuis de santé.
Je vous embrasse

Ernest

dimanche 18 juillet 2010

Le rouleau compresseur de l'histoire

















Encore quelques photos un peu en vrac, désolée, Claude, nous n'avons pas de bonne photo de notre camping-car, on y pensera pour un prochain article.


Ce pays aujourd'hui si paisible a une histoire à la fois belle et terrible. Durant l'hiver 1944-45 les Allemands, qui occupaient la Norvège et s'inquiétaient de l'avance des Russes, ont appliqué la politique de la terre brûlée à tout le Finnmark, après en avoir chassé les habitants (encore heureux!). Précisons que le Finnmark est plus grand que la Suisse et comportait plusieurs villes de quelques milliers d'habitants, outre les villages et les maisons isolées. A l'armistice, il ne restait plus une seule maison dans le Finnmark, même les poteaux télégraphiques avaient été brûlés. Devant l'ampleur du désastre, le gouvernement norvégien a décidé d'abandonner la région et a interdit le retour des anciens habitants. Ceux-ci, dans un mouvement de désobéissance collectif, sont rentrés dans leur pays et on commencé, tout seuls, la reconstruction. Savoir cela vous rend non seulement indulgent pour l'urbanisme douteux de villes comme Alta mais vous inspire une émotion respectueuse devant le courage et l'amour de ces gens pour leur terre. C'est vrai qu'après être né ici, comment envisager de vivre ailleurs?








Les Samis, population autochtone, ont aujourd'hui le statut de nation autonome. Des bâtiments tels que le parlement à Karasjok sont le témoin de la fierté retrouvée d'un peuple. Leur situation semble cependant bien différente de celle des Indiens d'Amérique, dans la mesure où ils se sont toujours mélangés aux nouveaux immigrants et ont fait partie intégrante des échanges commerciaux avec le reste du monde. Nous n'en savons pas plus, il est impossible de se faire une idée en quelques jours.

Le Finnmark, les paysages

















Ils méritent un article spécial mais il y faudrait un poète.
Ce qui domine, c'est l'impression d'immensité. Des horizons largement ouverts, passant de larges fjords à de hauts plateaux semés de lacs où serpentent des rivières paresseuses. Les arbres ont pratiquement disparu et c'est la beauté nue, réduite à ses éléments principaux : les formes de la terre, le mouvement et les couleurs du ciel et de l'eau, les couleurs des roches et de l'herbe. Là se promènent les troupeaux de rennes, ça et là quelques maisons vivement colorées se blotissent près d'un lac ou sur un bout de pré vert, et par là-dessus le ciel immense et changeant, qui est un paysage à lui tout seul.

C'est un pays oû l'homme peut vivre en seigneur, non pas maître de la nature, dieu sait qu'il y est soumis, mais où il trouve tout l'espace et la liberté nécessaires à son corps et à son âme.

Le nord du Nord for ever



















C'est un véritable journal de voyage que je dois écrire pour ces quelques jours, il y a tant à dire et à montrer! Je vais donc faire des chapitres. Commençons par notre itinéraire et nos activités.
Jeudi 15 juillet 47ème jour
Coordonnées : Alta - Kautokeino - Karasjok Km/j. 268 km/tot. 5'778
Météo : Couvert, belles éclaircies, superbes éclairages. Froid le matin, plus doux ensuite, soirée froide.

Superbe étape d'abord à travers des gorges sauvages puis sur de hauts plateaux où la rivière prend ses aises.
Première rencontre avec des rennes en train de se promener tranquillement sur la route. Balade en forêt, un sentier balisé et mentionné dans tous les guides. Belle forêt de pins, sol sablonneux doux aux pieds, rivière, silence... et moustiques! De véritables hordes de vampires qui vous attendent à la sortie du camping-car pour vous dévorer. Quelques pîqures malgré toutes nos protections, mais c'est la seule fois que nous aurons à faire face à une telle invasion. Autrement, ils se sont montrés plutôt discrets. Le sentier fait théoriquement une boucle de 5 km. A 2 km chemin barré par un cour d'eau. Il y a bien un vague gué dont la moitié des pierres sont sous l'eau. Peu séduits par la perspective de tremper nos chaussettes, nous faisons demi-tour. Quand on vous le disait, qu'ils étaient nuls en tourisme pédestre!
Nous sommes aussi passés à Kautokeino, qui possède une charmante église et la route pour y aller vaut le détour.

Nous sommes ce soir au camping à Karasjok, la capitale du Spami ou Pays des Sames (improprement appelés Lapons). Le nom nous enchante par sa consonnance exotique. Nous approchons du bout du bout de l'Europe.

Rencontre avec un monsieur bernois qui vient chaque année dans la région depuis 14 ans et qui nous donne de précieux conseils.

Vendredi 16 juillet 48ème jour
Coordonnées : Karasjok - Ifjord Km/j. 226 Km/tot. 6004
Météo : Variable, sec, assez doux, vent froid le soir
Visite du Parlement Same, un superbe bâtiment contemporain qui plaira bien à Frédéric: ce n'est pas un rectangle!
Visite ensuite du musée Same, superbement présenté comme tous les musées que nous avons vu en Norvège, avec une partie musée de plein air, dans la forêt, avec des bâtiments anciens et quelques écureuils.

Nous essayons de faire un détour par une presqu'île prometteuse sur notre route. Le paysage est en effet splendide mais le mauvais état de la route nous décourage : 150 km à 30 à l'heure en claquant des dents à chaque bosse, c'est beaucoup! Nous nous contentons d'une quinzaine de km. et d'un pique-nique royalement installés en balcon au bord de la route. Encore un petit détour, à pied cette fois, vers un canyon charmant puis petit camping tout sympa dans la forêt.

C'est aussi le jour où nous prenons notre grande décision : Cap Nord ou pas Cap Nord? Nous en avons discuté avec plusieurs voyageurs, les avis sont mitigés, ça semble être un de ces gros trucs à touristes où se retrouver avec 300 camping-cars. Bon, la Norvège est assez grande et assez belle pour vous laver d'un moment de promiscuité et de vulgarité, mais le prix est réellement prohibitif, ça relève de l'arnaque pure. Donc, finalement, pas Cap Nord, désolés, Christophe. Nous choisissons de nous diriger vers un autre bout de l'Europe sur la mer de Barents.




Samedi 17 juillet 49ème jour
Coordonnées : Ifjord - Gamvik km/j. 131 km/tot. 6'135
Météo : Belle journée ensoleillée, pleine de lumière et de couleurs, et parfaitement glaciale jusqu'à ce que le vent tombe. A 14 h. nous sommes emmitoufflés comme au pôle et de 22 à 1 h du matin nous sommes assis devant la mer, chaudement vêtus certes, mais sans avoir froid. C'est vraiment n'importe quoi, la météo dans ce pays!


Couronnement de notre voyage dans le Finnmark que cette journée! Une route superbe à travers les plus beaux paysages de la région, la surprise de trouver après 50 km de quasi désert une petite cité animée, vivante, industrieuse, assez touristique avec un festival d'été, deux cantines, une scène où des musiciens répètent, et enfin un village du bout du monde et évidemment le phare qui sera notre Cap Nord à nous. Le phare de Seltnes est le phare continental de plus septentrional du monde. Il est à la latitude de la pointe nord de l'Alaska, sur la mer de Barents.

Figurez-vous une lande le long de la côte, un troupeau de rennes se baladant un peu partout, le phare dressé face aux vagues et plus rien, le vrai bout du monde. Nous y sommes allés l'après-midi puis y avons passé la soirée. De 22 h à 1h du matin, pratiquement seuls, à regarder changer le ciel et la mer et à attendre le soleil de minuit. Complètement magique.

Dimanche 18 juillet, 50ème jour
Coordonnées : Gamvik - Berlevag Km/j. 322 km/tot. 6457
Météo : Beau et très chaud ce matin, ce qui conduit logiquement à un orage et des pluies intermittentes dès 14 h. Mais le temps reste doux, avec vent du sud.
Etape un peu décevante aujourd'hui. D'abord retour sur nos pas de Gamvik à Ifjord, toujours aussi magnifique mais le coeur un peu lourd de quitter cet endroit. Puis 87 km d'une route dans un état franchement catastrophique sur les 2/3 de son parcours, entre des collines sinistres couvertes de bouleaux morts et une bonne partie du parcours où il n'y a strictement rien à voir, un exploit en Norvège! En plus, il pleut! Ca s'arrange plutôt par la suite, la route vers Berlevag nous ramène dans les vastes paysages du Finnmark puis sinue au-dessus d'un fjord le long de parois verticales très impressionnantes. Le voyageur bernois rencontré à Karasjok nous avait dit grand bien de Berlevag, mais l'endroit nous semble un peu quelconque auprès de Gamvik. Enfin, il y a Internet au camping et vive la pluie qui m'oblige à travailler un peu!

Nous avons reçu de vos nouvelles par vos commentaires ou par e-mail, grand merci, c'est toujours un bonheur pour nous de sentir le lien qui nous unit. Christophe, je suis très contente des bonnes nouvelles de vos vacances. Maintenant que tu es devenu virtuose de la navigation, vas-tu t'y remettre en Bretagne? Je ne sais pas si tu liras ce message à temps mais nous te souhaitons BON ANNIVERSAIRE pour demain et beaucoup d'années heureuses venir.
Geneviève, si tu aimes le vent, il te faut venir en Norvège. Et tu aurais sans doute été très heureuse d'être avec nous au phare hier au soir.

On vous embrasse




mercredi 14 juillet 2010

Interlude


Pousse-toi Françoise et laisse-moi un peu le clavier.

Il parait que chez vous c'est la canicule. Eh bien chez nous aussi. Hier soir nous avons bu le café dehors, devant le CC et il faisait 15°. Comme ça fait du bien d'être au chaud. On aurait pu mettre les T-Shirt et pantalons courts, mais alors les moustiques. Aie, Aie. Eux aussi aiment la canicule et surtout ils sont très friands de touristes légèrement vêtus.

En fait de climat, il est ici très varié. Il y a surtout du vent et le vent dominant est le vent d'ouest, très froid il nous amène de grosses masses de nuages noirs qui envahissent les montagnes et les vallées. malheureusement il a son contraire, le vent du nord-est, très très froid lui aussi. Par chance il repousse vers l'ouest les nuages que l'autre nous avait amenés si bien que l'on a en permanence de gros nuages noirs sur la tête. Puis, heureusement, il y a parfois le vent du sud. Très froid, le vent du sud, mais occasionnellement il nous permet de voir et sentir le soleil. Hier il a fait 20° vous vous imaginez le plaisir.

Nous mangeons du saumon fumé ou mariné, à tiret-larigot et aussi un peu de caviar. Je me sens pousser des nageoires. Si le CC nous faisait encore des misères nous pourrions rentrer à la nage de la mer de Barents par la mer de Norvège,l'Atlantique, la mer du Nord, Rotterdam, le Rhin, l'Aare, la Sarine, la Gérine, Stersmühle et nous voilà chez nous.

Quelqu'un d'entre vous peut-il répondre la question que je me pose depuis quelques jours?
L'élan est-il plus gros ou plus petit que la myrtille? Parce que j'ai vu énormément de myrtilles mais pas d'élan. D'accord, les myrtilles ne sont pas encore mùres. Peut-être l'élan non plus. De toutes façons c'est comme le soleil de minuit. C'est un mythe. Tout le monde en parle mais personne ne le voit. Si!!! Nous avons vu le soleil de minuit transperçant quelques nuages, entre 2 montagne, au bord 'un fjord. C'était comment dire? Magique!!! Bon il y a plusieurs fois où on aurait pu le voir, mais soit c'était trop nuageux, soit nous étions sur la côte est des Lofoten ou Vesteralen, donc du mauvais côté.


Bon, la prochaine fois je vous parlerai de bouffe et de routes. Je sais, ça n'a rien à voir ensemble-
Allez, ciao

Ernest




mardi 13 juillet 2010

Le nord du Nord



















Trois jours déjà depuis Senja, mais trois jours qui en valent la peine.

Lundi 11.7. 44ème jour
Coordonnées : Senja - Rotsund Km/j 257 Km/tot 5'302

Météo : Le temps a joué les gros bras toute la journée, menaçant à tout moment de nous tomber sur la tête, mais finalement il s'est contenté d'un petit crachin intermittent. C'est sans doute le jour le plus chaud depuis que nous sommes arrivés en Norvège : 20° dans la journée et encore 18° tard dans la nuit.

Journée voiture aujourd'hui. Après nos flâneries dans les îles, nous avons soudain envie d'avancer. Pas du tout de stress, mais nous nous sentons comme une légère limaille aimantée vers le nord. La route est belle, large, peu fréquentée, j'ai pris un pied géant à conduire lé-dessus!

Il faut dire qu'après Senja, on change de monde. Un pont à francher, quelques kilomètres sur la route et soudain c'est vraiment le nord tel qu'on peut l'imaginer.Les montagnes s'abaissent et s'arrondissent mais portent encore beaucoup de neige, de grandes forêts semées de lacs et de marais, la présence humaine se fait plus rare, et partout une impression d'immensité, des paysages grands ouverts, la présence humaine se fait plus rare aussi.

Encore un petit camping sympa ce soir, dans la campagne, près de l'école du village où quelques enfants jouent dans la cour. Et comme il faut toujours une pîqure de rappel de la dureté du monde, parlons piqûres justement.
Nous avons subi notre première attaque des très redoutés moustiques nordiques à Senja mais ce soir c'est la totale!
Quand on vous disait que le paradis sur terre n'existait pas!

Mardi 13 juillet 45ème jour
Coordonnées : Rotsund - Alta km/j.208 km/tot 5'510
Météo : Beau avec quelques passages nuageux. Vent violent et froid le matin, puis temps doux.

C'est incroyable, mais c'est encore plus beau que ce que nous avons vu jusqu'à maintenant! Somptuosité inégalée des paysages, vastitude, la route ne quitte l'immensité des fjords que pour grimper dans l'immensité des forêts et des landes et vous offrir des vues aériennes sublimes, telle cette baie semées d'îlots aux falaises d'un blanc éclatant sur l'azur de la mer, qui nous a laissés sans voix. Elle nous a fait penser aux îles grecques. C'est à nouveau l'été bleu, bleue la mer, bleues les montagnes au loin, bleu le ciel, bleu notre coeur.

Nous campons près Alta, retour à la civilisation. Machine à laver, sécheuse, il était temps! Internet enfin, ce qui me permet de rattraper mon retard. Cédant d'ailleurs complètement aux sirènes du confort, nous louons un petit chalet pour deux nuits. En fait nous allons demain à Alta, ça nous évitera du boulot avec le bus. C'est donc ce qui vous vaut la photo de votre servante en plein boulot.

Un campeur zurichois vient gentiment nous proposer... deux tranches de gigot d'agneau délicieusement grillées. En fait, il fait un barbecue avec sa famille et il a de la viande en trop et pas de frigo. Le geste si sympatique nous fait grand plaisir (sans parler du gigot, délicieux!) Et tiens! pas de moustiques ce soir.

Mercredi 14 juillet 46ème jour
Finalement on a bien fait de prendre un chalet, il a flotté toute la nuit et un bon bout de la matinée. Un froid de canard en plus, nous qui croyons en être sortis!

Visite du musée d'Alta aujourd'hui. Quand on parle de visiter un musée, on ne s'attend pas à faire 3 km. en plein air! C'est pourtant le cas ici. En fait, le musée se compose d'une partie classique sur l'âge de pierre et la culture Same, mais l'intérêt principal réside dans l'extraordinaire série de gravures rupestres sur les rochers de la baie. Des sentiers aménagés permettent de passer de site en site, c'est absolument magnifique et fascinant. Difficile de faire des bonnes photos, mais allez voir sur Internet, ça vaut vraiment la peine.

Ensuite un saut à Alta pour faire quelques courses. Je cherche également une coiffeuse, je commence à ressembler à un orang-outang. Quelle ville bizarre! En fait, ça ressemble à des morceaux de villes jetés au hasard entre des chantiers et des terrains vagues, il n'y a ni centre ni périphérie. De toute façon, les coiffeurs ferment à 16 h, il en
est 18, mes tifs attendrons.
Nous sommes donc dans le Finnmark, la dernière province vers le nord. Le Cap est à 250 km et le Pôle à 1'800.
Nous avons envie d'explorer un peu le Finnmark, donc le Cap n'est pas pour tout de suite.



















Les cadeaux de Senja l'ensorceleuse











Dimanche 11 juillet 43ème jour
Coordonnées : Andenes - Senja, visite de l'île Km/j. 133 km/tot. 135
Météo : Couvert le matin, éclaircies progressives à partir de 15h, enfin grand soleil, soirée très douce. Dingue, mais plus on monte vers le Nord plus il fait doux!

Une île encore, avec un beau nom de femme. J'aime à l'imaginer en magicienne drapée dans les milles couleurs de ses eaux, de ses fleurs, de ses montagnes, attendant le voyageur pour le séduire. Elle nous a donné une journée de bonheur complet et rendu l'enthousiasme qui avait un peu baissé ces deux derniers jours. Difficile de lui résister. Les Norvégiens disent qu'elle résume tous les paysages de leur pays, mais elle le fait à sa manière. Elle est étonamment peu fréquentée par les touristes étrangers, ce qui est un charme de plus évidemment.

On y arrive en ferry dans un fjord en entonoir entre des pentes redoutables, on passe par-dessus la montagne pour retrouver un autre fjord, avec vue sublime en prime depuis le sommet du col. On passe dix fois le jour de la montagne à la mer, des vallées alpestres aux landes de bruyère, du grandiose à l'exquis. D'improbables routes mènent à des petits ports colorés et actifs, tels Husoy, dite l'île aux maisons. Une vingtaine de kilomètres d'une route étroite, tortueuse, avec 3 longs tunnels sous la montagne, pour une petite cité de 230 habitants ramassée sur une petite île reliée à l'île principale par une digue. Tout y est pour faire une ville : église, école, petit supermarché, un café et de grands entrepôts pour le traitement du poisson. Des lilas partout, ici aussi.
D'une façon générale, nous sommes frappés par une exubérance végétale que nous n'imaginions pas à ces latitudes. L'herbe est grasse, haute, épaisse, les fleurs foisonnent, les forêts, bouleaux et sapins, sont touffues et éclatantes de santé.

Cadeau encore,, le soleil s'installe et nous nous arrêtons dans un petit camping au fond d'un fjord paisible, devant un de ces paysages dont l'équilibre et la lumière vous donnent un sentiment de plénitude.

Et pour couronner le tout, nous aurons enfin ce fameux soleil de minuit dont Ernest prétendait que ce n'était qu'un argument touristique. Nous l'avons tout simplement photographié depuis la fenètre de notre bus, c'est pas magique, ça?

Nous avons eu un échange de SMS avec Frédéric (nous voulions tout de même savoir le résultat de la finale de la coupe du monde) et cette petite conversation par-delà les distances a participé de notre bonheur de ce jour.